Quino – la logique infinie de la consommation

 

                                  

 

Zone de Texte: Qu’une maison soit grande ou petite, tant que les maisons d’alentour ont la même taille, elle satisfait à tout ce que, socialement, on demande à un lieu d’habitation. Mais qu’un palais vienne à s’élever à côté d’elle, et voilà que la petite maison se recroqueville jusqu’à n’être plus qu’une hutte. C’est une preuve que le propriétaire de la petite maison ne peut désormais plus prétendre à rien, ou à si peu que rien. […] Ses habitants se sentiront toujours plus mal à l’aise, toujours plus insatisfaits, plus à l’étroit entre leur quatre murs, car elle ne cessera de devenir plus petite à mesure que grandira le palais voisin, et dans les mêmes proportions.
 Karl Marx, Travail salarié et capital
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zone de Texte: Illusion du consommateur : croire que cette maison, cette voiture, ce portable, ce jean, ces Nike… sont intrinsèquement beaux, bons, désirables. Voilà les biens pour l’achat desquels il dépense l’essentiel du temps de sa vie qu’est le temps de travail. Et pourtant, montre Marx une telle valeur n’est pas une valeur substantielle (leur appartenant en propre), c’est une valeur relative et différentielle. 
Ainsi de cette maison, de cette voiture… - de tous les biens proposés comme succédanés du bonheur par la société de consommation – qui n’ont de valeur désirable qu’à mesure de la rareté relative de leur possession. Le dessin de Quino image parfaitement l’absurde logique : peu importe ce que l’on a du moment que nos possessions soient différentes de celles des autres et désirées par les autres. De là la réduction du dessin de l’objet désiré à un simple nombre, la logique de la consommation se réduisant finalement à avoir plus que le voisin et par là-même à la pure quantité, inutile, vide et plate. On perçoit alors une course en avant sans fin où l’on peut déjà lire quelque chose comme l’absurdité existentielle de la croissance économique – absurde parce que promettant et se justifiant du bonheur, bonheur qui s’éloigne à mesure de nos possessions car reposant sur un rapport illusoire à moi-même, aux autres et aux choses.