A propos du
traité de décomposition d’Eric Rondepierre
« Comment toutes choses se transforment les
unes dans les autres, acquiers une méthode pour le contempler. Observe chaque chose
et imagine-toi qu’elle est en train de se dissoudre, qu’elle est en pleine
transformation, en train de pourrir et de se détruire » (Marc-Aurèle)
W1536A, Précis de décomposition, 1993-1995
Dans
son Précis de décomposition, l’artiste contemporain Eric Rondepierre
propose un «anti-regard » porté sur des œuvres cinématographiques
du passé en arrêtant le mouvement du film et isolant des images travaillées par
la corrosion du temps. On découvre ainsi ce que dans le mouvement même du film
on aurait du ne jamais voir : d’étranges univers de bactéries et de lèpres
rampantes se mêlent au monde des hommes et les marque d’une atmosphère de film
d’horreur. La dissolution des formes que la vie dépose sur le monde, vision du
caractère destructeur du temps est, pour l’homme, amoureux des formes fixes
(Nietzsche, cité ici), source d’effroi. Tout se passe comme
si la décomposition du support matériel qu’est la pellicule révélait ce
qu’il y a par-dessous l’univers du film et, par extrapolation, par-dessous nos
vies. Lorsque le mouvement qui tisse ensemble les images selon un récit (le
film) qui les met en ordre et en sens est arrêté, autrement dit, lorsqu’on
cesse de se raconter des histoires en mettant en sens ce qui n’en n’a pas,
c’est l’horrible travail du temps - soit la mort ainsi que Maupassant pouvait nous la laisser entrevoir à
travers le moindre cheveu blanc – qui
se révèle à nous comme la vérité de l’affaire, vérité que nos discours
tentaient vainement de cacher dans le divertissement : arrêter l’image
c’est arrêter la fuite en avant de la vie et c’est la condition pour pouvoir la
voir.
Convulsion, 1998 Miroir 3 (1996-1998)
R40,
1995 R433A, 1995
Vision 2, 1998 W1917A