C’est une possibilité d’être
du Dasein qui doit nous donner une
« révélation » ontique sur lui-même en tant qu’étant. Une révélation
n’est possible que dans l’ouverture propre au Dasein, ouverture qui se fonde dans l’affection et le comprendre.
Dans quelle mesure l’angoisse est-elle une affection insigne ? Comment le Dasein y est-il transporté par son propre être devant lui-même de telle
manière que l’étant ouvert dans l’angoisse puisse comme tel être déterminé
d’une manière phénoménologiquement satisfaisante en son être, ou tout au moins
qu’une telle détermination puisse être convenablement préparée ?
Dans l’intention de pénétrer
jusqu’à l’être de la totalité du tout structurel, nous prendrons pour point de
départ les analyses concrètes de l’échéance qui viennent d’être présentées. L’identification au On et au
« monde » de la préoccupation manifeste quelque chose comme une fuite du Dasein devant lui-même comme pouvoir-être-Soi-même authentique.
Néanmoins, ce phénomène de la fuite du Dasein
devant lui-même et son authenticité semble aussi peu approprié que possible
pour servir de sol phénoménal à la recherche qui suit : dans cette fuite,
en effet, le Dasein ne se transporte
précisément pas devant lui-même ! Conformément à la tendance la plus
propre de l’échéance, le détournement écarte
du Dasein. Certes, et pourtant,
face à de tels phénomènes, la recherche doit se garder de confondre la
caractérisation ontico-existentielle avec l’interprétation
ontologico-existentiale, ou de perdre de vue quelles fondations phénoménales
positives celle-là offre à celle-ci.
Existentiellement, l’authenticité
de l’être-Soi-même est sans doute refermée et refoulée dans l’échéance, mais cette
fermeture est seulement la privation d’une
ouverture qui se manifeste phénoménalement dans le fait même que la fuite du Dasein est fuite devant lui-même. Dans
le devant-quoi de la fuite. le Dasein
se » confronte » justement à lui. C’est seulement dans la mesure où le Dasein, ontologiquement, est
essentiellement transporté devant lui-même par l’ouverture qui lui appartient
en général, qu’il peut fuir devant lui.
Bien sûr, dans cette diversion échéante, le devant-quoi de la peur n’est pas
saisi, pas plus qui il n’est expérimenté dans la conversion correspondante. En
revanche, dans la diversion, il est ouvert par
lui « là ». Le détournement
ontico-existentiel donne phénoménalement, sur la base de son caractère
d’ouverture, la possibilité de saisir ontologico-existentialement le
devant-quoi de la fuite comme tel. A l’intérieur même de l’écart »ontique
impliqué par le détournement, le devant-quoi de la fuite peut être compris et
porté au concept dans une w conversion »
qui l’interprète phénoménologiquement. »
Dès lors, en s’orientant sur
le phénomène de l’échéance, l’analyse ne s’interdit nullement d’expérimenter
ontologiquement quelque chose au sujet du Dasein
qui est ouvert en lui. Bien au contraire : c’est alors que
l’interprétation échappe le mieux au danger de se livrer à une auto-saisie
artificielle du Dasein. Tout ce
qu’elle accomplit, c’est l’explication de ce que le Dasein ouvre lui-même ontiquement. Plus est originaire le phénomène
qui fonctionne méthodiquement comme affection ouvrante, et plus s’accroît la
possibilité de pénétrer, en l’accompagnant et le poursuivant interprétativement
au sein d’un comprendre affecté, jusqu’à l’être du Dasein. Or que l’angoisse ait une telle fonction, c’est ce que nous
affirmons tout d’abord.
Pour aborder l’analyse de
l’angoisse, nous ne sommes pas tout à fait démunis. Sans doute, son mode de
connexion ontologique avec la peur demeure encore obscur, même si une parenté
phénoménale de l’une et l’autre est manifeste : un indice en est le fait
que les deux phénomènes demeurent le plus souvent indistincts, et que l’on
appelle angoisse ce qui est peur et peur ce qui a le caractère de l’angoisse.
Tentons maintenant de percer progressivement jusqu’au phénomène de l’angoisse.
Nous avons nommé l’échéance
du Dasein sur le On et le
« monde » de la préoccupation une
« fuite » devant lui-même. Cependant, tout recul devant..., tout
détournement de... n’est pas nécessairement fuite. C’est le recul, fondé dans
la peur, devant ce que la peur ouvre, devant le redoutable, qui a le caractère
de la fuite. L’interprétation de la peur comme affection l’a montré : le
devant-quoi de la peur est à chaque fois un étant intramondain, faisant
approche vers la proximité à partir d’une contrée déterminée, importun, mais
pouvant aussi bien rester éloigné. Or dans l’échéance, le Dasein se détourne de lui-même. Le devant-quoi de ce recul doit en
général avoir le caractère de la menace, et pourtant, c’est un étant de même
mode d’être que l’étant même qui recule, c’est le Dasein lui-même. Le devant-quoi de ce recul ne peut donc pas être
saisi comme du « redoutable », puisque le redoutable ne fait jamais
encontre que comme étant intramondain. La menace qui peut seule être « redoutable » et qui est découverte
dans la peur provient toujours de l’étant intramondain.
Par suite, le détournement
propre à l’échéance n’est pas non plus une fuite qui se fonderait sur la peur
devant un étant intramondain. Un tel caractère dérivé de fuite revient si peu à
ce détournement que tout au contraire il se tourne
vers l’étant intramondain en tant qu’il s’identifie à lui. Le détournement de l’échéance se fonde bien plutôt dans
l’angoisse, qui à son tour rend tout
d’abord possible la peur.
Pour comprendre cette idée
de la fuite échéante du Dasein devant
lui-même, il faut se rappeler l’être-au-monde comme constitution fondamentale
de cet étant. Le devant-quoi de
l’angoisse est l’être-au-monde comme tel. Comment ce devant quoi l’angoisse
s’angoisse se distingue-t-il de ce devant quoi la peut prend peur ? Réponse :
le devant-quoi de l’angoisse n’est pas un étant intramondain. Dès lors, ce
n’est plus de celui-ci qu’il peut retourner. La menace n’ a pas le caractère
d’une importunité déterminée qui frapperait l’étant menace du point de vue
déterminé d’un pouvoir-être factice particulier. Le devant-quoi de l’angoisse
est complètement indéterminé. Non seulement cette indéterminité laisse
factuellement indécis quel étant intramondain menace, mais elle signifie qu’en
général ce n’est pas l’étant intramondain
qui est « pertinent ». Rien de ce qui est à-portée-de-la-main et
sous-la-main à l’intérieur du monde ne fonctionne comme ce devant-quoi
l’angoisse s’angoisse. La totalité de tournure (le l’à-portée-de-la-main et du
sous-la-main découverte de manière intramondaine est comme telle absolument
sans importance. Elle s’effondre. Dans l’angoisse ne fait encontre ni ceci ni
cela dont il pourrait retourner en tant que menaçant.
C’est pourquoi l’angoisse ne
« voit » pas non plus d’ « ici » et de « là-bas » déterminé à partir
duquel le menaçant fait approche. Que le menaçant ne soit nulle part, cela caractérise le devant-quoi de l’angoisse. Celle-ci
ne « sait pas » ce qu’est ce devant-quoi elle s’angoisse. Mais « nulle part » ne
signifie point rien : il implique la contrée en général, l’ouverture d’un monde
en général pour l’être-à essentiellement spatial. Par suite, le menaçant ne
peut pas non plus faire approche à l’intérieur de la proximité à partir d’une
direction déterminée, il est déjà « là » - et pourtant nulle part, il est
si proche qu’il oppresse et coupe le souffle - et pourtant il n’est nulle part.
Dans le devant-quoi de
l’angoisse devient manifeste le
« rien et nulle part ». La saturation* du rien et nulle part
intramondain signifie phénoménalement ceci : le devant-quoi de l’angoisse-est le
monde comme tel. La complète non-significativité qui s’annonce dans le rien
et nulle part ne signifie pas l’absence de monde, elle veut dire que l’étant intramondain
est en lui-même si totalement non-pertinent que, sur la hase de cette non-.significativité de l’intramondain,
il n’y a plus que le monde en sa mondanéité pour s’imposer.
Ce qui oppresse, ce n’est
pas ceci et cela, pas non plus la somme totale du sous-la-main, mais la possibilité de l’à-portée-de-la-main en
général, c’est-à-dire le monde lui-même. Lorsque l’angoisse s’est apaisée, le
parler quotidien a coutume de dire :
« au fond, ce n’était rien ». Cette formule touche en effet
ontiquement ce que c’était. Le parler
quotidien porte sur une préoccupation pour, et une discussion sur
l’à-portée-de-la-main. Ce devant-quoi l’angoisse s’angoisse, ce n’est rien de
l’étant à-portée-de-la-main intramondain. Mais ce rien de l’étant
à-portée-de-la-main que le parler quotidien circon-spect comprend seul n’est
pas un rien total. Le rien
d’être-à-portée-de-la-main se fonde dans le « quelque chose » le plus originel,
dans le monde. Mais le monde appartient ontologiquement de manière essentielle
à l’être du Dasein comme
être-au-monde. Si par conséquent c’est le rien, c’est-à-dire le monde comme tel
qui se dégage comme le devant-quoi de l’angoisse, cela veut dire que ce devant-quoi l’angoisse s’angoisse est
l’être-au-monde lui-même.
Le s’angoisser ouvre originairement
et directement le monde comme monde. Le Dasein
ne commence pas par exemple par faire réflexivement abstraction de l’étant
intramondain afin de ne plus penser qu’au monde devant lequel ensuite
l’angoisse va prendre naissance, mais c’est l’angoisse comme mode de
l’affection qui, la première, ouvre le monde
comme monde. Ce qui ne signifie
pourtant pas que dans l’angoisse la mondanéité du monde soit conçue.
L’angoisse n’est pas
seulement angoisse devant..., mais, en tant qu’affection, angoisse en-vue-de*... Ce en-vue-de, ce
pour-quoi l’angoisse s’angoisse n’est pas un mode d’être déterminé, une
possibilité déterminée du Dasein. Car
la menace, étant elle-même indéterminée, ne peut donc pas percer - en le
menaçant - jusqu’à tel ou tel pouvoir-être facticement concret. Ce pour-quoi
l’angoisse s’angoisse est l’être-au-monde lui-même. Dans l’angoisse,
l’à-portée-de-la-main intramondain, et en général l’étant intramondain, sombre.
Le « monde » ne peut plus rien offrir,
et tout aussi peu l’être-Là-avec d’autrui. L’angoisse ôte ainsi au Dasein la
possibilité de se comprendre de manière échéante à partir du « monde » et
de l’être-explicité public. Elle rejette le
Dasein vers ce pour-quoi il s’angoisse,
vers son pouvoir-être-au-monde authentique. L’angoisse isole le Dasein vers son être-au-monde le plus
propre, qui, en tant que compréhensif, se projette essentiellement vers des
possibilités. Par suite, avec le pour-quoi [en-vue-de-quoi] du s’angoisser,
l’angoisse ouvre le Dasein comme être-possible, plus précisément comme ce
qu’il ne peut être qu’à partir de lui-même, seul, dans l’isolement.
L’angoisse manifeste dans le
Dasein l’être-pour le pouvoir-être le
plus propre, c’est-à-dire l’être-libre
pour la liberté du se-choisir-et-se-saisir-soi-même. L’angoisse place le Dasein devant son être-libre-pour (propensio in...) l’authenticité de son être en
tant que possibilité qu’il est toujours déjà. Or c’est en même temps à cet être
que le Dasein comme être-au-monde est
remis.
Ce pour-quoi
(en-vue-de-quoi] l’angoisse s’angoisse se dévoile comme ce devant-quoi elle s’angoisse : l’être-au-monde. L’identité
du devant-quoi de l’angoisse et de son pour-quoi s’étend même jusqu’au
s’angoisser lui-même. Car celui-ci est en tant qu’affection un mode fondamental
de l’être-au-monde. L’identité existentiale
de l’ouvrir avec l’ouvert, identité telle
qu’en cet ouvert le monde est ouvert comme monde, l’être-à comme pouvoir-être isolé, pur, jeté, atteste
qu’avec le phénomène de l’angoisse c’est une affection insigne qui est devenue le thème de l’interprétation. L’angoisse isole et
ouvre ainsi le Dasein comme « solos ipse ». Ce
« solipsisme » existential, pourtant, transporte si peu une
chose-sujet isolée dans le vide indifférent d’une survenance sans-monde qu’il
place au contraire le Dasein, en un
sens extrême, devant son monde comme monde, et, du même coup, lui-même devant
soi-même comme être-au-monde.
Que l’angoisse comme
affection fondamentale ouvre effectivement selon cette guise, la preuve la plus
immédiate nous en est à nouveau apportée par l’explicitation quotidienne du Dasein et le bavardage. L’affection,
avons-nous dit en effet plus haut, manifeste e où l’on en est ». Dans
l’angoisse, « c’est inquiétant », « c’est étrange ». Ici s’exprime d’abord
l’indétermination spécifique de ce auprès de quoi le Dasein se trouve dans l’angoisse : le rien et nulle part. Mais
ce caractère inquiétant, cette étrang(èr)eté signifie en même temps le
ne-pas-être-chez-soi. En livrant la première indication phénoménale de la
constitution fondamentale du Dasein et
en clarifiant le sens existential de l’être-à par par opposition à la
signification catégoriale de l’« intériorité », nous avons déterminé le Dasein comme habiter auprès..., être
familier avec...1
Ensuite, ce caractère de l’être-à fut manifesté plus concrètement par la
publicité concrète du On, qui apporte le calme de l’auto-sécurité, l’« évidence
» du « chez soi » dans la quotidienneté médiocre du Dasein 1.
L’angoisse, au contraire, ramène le Dasein
de son identification échéante au « monde ». La familiarité quotidienne se
brise. Le Dasein est isolé, mais comme être-au-monde. L’être-à revêt la « modalité » existentiale du
hors-de-chez-soi. Ce n’est pas autre chose que veut dire l’expression d’«
étrang(èr)eté ».
Ce devant-quoi fuit l’échéance
comme fuite devient désormais visible phénoménalement. Elle fuit non pas devant l’étant intramondain, mais au
contraire justement vers lui, comme
vers l’étant auprès duquel la préoccupation, perdue dans le On, peut se tenir
dans une familiarité rassurée. La fuite échéante dans le chez-soi de la publicité est fuite devant le hors-de-chez-soi, c’est-à-dire l’étrang(èr)eté qui se
trouve dans le Dasein en tant
qu’être-au-monde jeté, remis à lui-même en son être. Cette étrang(èr)eté traque
incessamment le Dasein et menace,
quoiqu’implicitement, sa perte quotidienne dans le On. Cette menace peut
facticement s’assortir d’une totale sécurité et autarcie de la préoccupation
quotidienne. L’angoisse peut monter dans les situations les plus anodines. Il
n’est pas non plus besoin de cette obscurité où, communément, l’étrang(èr)eté
se produit plus facilement. Car dans l’obscurité, il n’y a en effet, en un sens
fort. « rien » à voir - ce qui n’empêche justement que le monde est encore « là », et de façon plus insistante.
Que nous avons interprété
ontologico-existentialement l’étrang(èr)eté du Dasein comme la menace qui touche le Dasein à partir de lui-même, cela ne revient pas à affirmer que
l’étrang(èr)eté, dans l’angoisse factice, soit toujours déjà comprise en ce
sens. Le mode quotidien sur lequel le Dasein
comprend l’étrang(èr)eté est le détournement échéant, qui « aveugle » le
hors-de-chez-soi. Cependant, la quotidienneté de cette fuite le montre
phénoménalement : à l’être-au-monde, à cette constitution essentielle du Dasein, qui, en tant qu’existentiale,
n’est jamais sous-la-main, mais elle-même toujours en un mode du Dasein factice, c’est-à-dire une
affection, appartient l’angoisse comme affection fondamentale. L’être-au-monde
rassuré-familier est un mode de l’étrang(èr)eté du Dasein et non pas l’inverse.
Le hors-de-chez-soi doit être conçu ontologico-existentialement comme le
phénomène plus originaire.
Et c’est seulement parce que
l’angoisse détermine toujours déjà de façon latente l’être-au-monde que celui-ci,
en tant qu’être préoccupé-affecté auprès du « monde », peut prendre peur. La
peur est une angoisse échue sur le « monde », inauthentique et comme telle
retirée à elle-même.
D’ailleurs, facticement,
même la tonalité de l’étrang(èr)eté reste le plus souvent existentiellement
mécomprise. De plus, l’angoisse « authentique », du fait de la prépondérance
de l’échéance et de la publicité, est rare. Souvent, l’angoisse est
conditionnée « physiologiquement ». Ce
fait, en sa facticité, est un problème ontologique, il ne fait pas seulement
difficulté quant à sa causalité et son déroulement ontique. Le déclenchement physiologique de l’angoisse n’est possible
que parce que le Dasein s’angoisse au fond de son être.
Plus rare encore que le fait
existentiel de l’angoisse authentique sont les tentatives d’interpréter ce
phénomène en sa constitution et sa fonction ontologico-existentiales
fondamentales. Les raisons s’en trouvent en partie dans l’omission de
l’analytique existentiale du Dasein en
général, mais plus spécialement dans la méconnaissance du phénomène de
l’affection1.
Toutefois, la rareté factice du phénomène de l’angoisse ne peut rien contre le
fait qu’il est particulièrement approprié à assumer pour l’analytique
existentiale une fonction méthodique fondamentale. Bien au contraire, cette
rareté du phénomène indique que le Dasein,
qui demeure le plus souvent recouvert pour lui-même en son authenticité par
l’être-explicité public du On, demeure ouvrable en son sens originaire dans
cette affection fondamentale.
Certes, il appartient à
l’essence de toute affection d’ouvrir à chaque fois l’être-au-monde plein selon
tous ses moments constitutifs (monde, être-à, Soi-même). Néanmoins, s’il y a
dans l’angoisse la possibilité d’un ouvrir privilégié, c’est parce que l’angoisse
isole. Cet isolement ramène le Dasein
de son échéance et lui rend l’authenticité et l’inauthenticité manifestes en
tant que possibilités de son être. Ces possibilités fondamentales du Dasein qui est à chaque fois mien se
montrent dans l’angoisse comme en elles-mêmes - non dissimulées par l’étant
intramondain auquel le Dasein
s’attache de prime abord et le plus souvent.
Dans quelle mesure, avec
cette interprétation existentiale de l’angoisse, un sol phénoménal a-t-il été
conquis pour la résolution de la question de l’être de la totalité du tout
structurel du Dasein ?
* Cf. supra, p. [74]. (N.d.T.)
* Angst um... Sur la préposition um, même remarque que supra, p. [141] et N.d.T. (N.d.T.).
1 Cf. supra, § 12, p. [53] sq.
1 Cf. supra, § 27, p. [126] sq.
1 Ce n’est point le fruit du hasard si les phénomènes
de l’angoisse et de la peur, qui restent couramment confondus, ont pénétré
ontiquement et aussi — quoiqu’en ses limites très étroites — ontologiquement
dans le champ de la théologie chrétienne. Ce qui s’est toujours produit lorsque
le problème anthropologique de l’être de l’homme pour Dieu a obtenu la primauté
et que des phénomènes comme la foi, le péché, l’amour, le repentir ont guidé la
problématique. Cf. la doctrine d’AUGUSTIN sur le timor
castus et servilis, qui est
fréquemment discutée dans ses écrits exégétiques et ses lettres. Sur la peur
(crainte) en général, v. le De diversis
quaestionibus [texte et trad. fr. par A. Beckaert, dans « Bibliothèque
augustinienne », t. 10 (N.d.T.)],
q. 33 : « de metu », q. 34 : « utrum non aliud amandum
sit, quam metu carere », q. 35 : « quid amandum sit »
(Migne, P.L., t. VII, 23 sq.).
LUTHER a
traité le problème de la peur non seulement dans le contexte traditionnel d’une
interprétation de la poenitentia et de
la contritio, mais aussi dans son
commentaire de la Genèse, où
l’analyse, évidemment moins conceptuelle qu’édifiante, n’en est pas moins impressionnante : cf. Enarrationes in Genesin, cap. 3, Éd.
d’Erlangen, Exegetica opera latina, t. I, p. 177 sq.
Mais c’est S. KIERKEGAARD qui a pénétré le
plus loin dans l’analyse du
phénomène de l’angoisse, même s’il ne l’a fait, lui aussi, que dans le cadre
théologique d’une exposition « psychologique » du problème du péché
originel : cf. Le concept d’angoisse,
1844, trad. allemande dans l’Éd. Diederichs des Werke, t. V.