Garfield – chaque individu est pour lui-même le centre du monde

 

 

« Chaque individu, en dépit de sa petitesse, bien que perdu, anéanti au milieu d’un monde sans bornes, ne se prend pas moins pour centre du tout, faisant plus de cas de son existence et de son bien-être que de ceux de tout le reste » (Schopenhauer, le monde comme volonté et représentation).

 

 

 

 

 

 

 

Zone de Texte: Chaque individu est pour lui-même centre du monde (cf. Schopenhauer). Le cri de l’estomac de Jon ou de Garfield c’est un cri qui ne se conjugue qu’à la première personne. Or Jon a fait l’erreur de n’écouter que son ventre – il vit alors sans pensées, spontanément, il se laisse aller : il a oublié Garfield. C’est que s’il vit sa propre faim, il ne peut que se représenter celle de Garfield – Schopenhauer : différence entre la représentation par quoi je peux penser l’autre et la vie par quoi je m’éprouve moi-même (ce pourquoi l’insulte qu’on nous fait est toujours plus grave que celle qu’on fait au voisin). Mais le chat sait rappeler qu’il est un centre. Sa nourriture ne vient pas, il râle. Pas question de le faire attendre, pas question pour lui de prendre en compte le repas de Jon. C’est que pour Garfield, Jon n’existe pas : il n’y a pas une personne ayant des intérêts et besoins distincts qu’il faudrait prendre en compte. Jon n’est qu’un élément dans la vie de Garfield. Le Jon de Garfield c’est un Jon  « pour Garfield ». A contrario, l’homme peut penser au chat en tentant de se mettre à sa place. Seul l’homme sait qu’il y a d’autres centres et s’il ne peut les vivre – il ne peut, par exemple, sentir que sa propre faim – il peut les penser,  les imaginer et sympathiser avec (empathie – affect). 

« N’oublions jamais qui est le centre du monde » : c’est exactement ce qu’est Garfield pour lui-même, c’est aussi ce que nous sommes spontanément et ce que nous exigeons des autres – ce qui n’est injuste que pour les hommes en ce que, eux, peuvent toujours faire autrement : qui de nous ne se comporte en Garfield ?