Sur le sens philosophique d'une analyse de séquences cinématographiques


Il ne peut s'agir seulement d'illustrer tel ou tel auteur avec un exemple cinématographique. Certes les idées vont aussi dans ce sens-là et il serait dommage de se priver de la puissance illustrative de l'image. Le final de Men in Black, par exemple, peut-être fort à propos utilisé ainsi qu'une magnifique illustration de l'idée de la "disproportion de l'homme" chez Pascal et la vie de John Mac Lane - pourquoi pas ? - être lue comme un exemple de sainteté selon les concepts d'Emmanuel Lévinas, etc. (liens et analyses à suivre et à poursuivre). Mais ce n'est pas, le plus souvent, ainsi que la pensée s'éveille - une séquence et/ou un film entier nous a donné à sentir et penser un je ne sais trop quoi qui a quelque peu destabilisé nos assises dans l'existence. Si vivre c'est, en effet, projeter sur le monde un ensemble de cartes identifiant, catégorisant et polarisant l'espace et le temps afin que nous puissions y déployer notre chemin, tout se passe comme si, au détour d'un regard, une autre terre - chemin de traverse, monde parallèle, ciel lumineux, grotte profonde ou abîme sous nos pieds - en apparaissant venait de fissurer la carte pleine d'elle-même où s'endort l'existence. D'un seul coup, quelque chose nous éveille et nous donne à penser. C'est alors à creuser le sens de cette fissure creusée au coeur des cartes que l'analyse de la séquence/film prend son véritable sens; non alors simplement en illustrant un ensemble de thèses et d'idées préalables - seraient-elles elles-mêmes vivantes ! Mais, dans un dialogue exploratoire entre connu (parce qu'on n'éclaire jamais qu'avec une lampe tissée de références passées) et inconnu mettre à jour ces idées profondes, sensibles et mouvantes, que portent et sont ces singulières images-mouvements. A lire ici, comme exemple d'un tel dialogue, cette analyse d'une séquence du Seigneur des anneaux ou bien de La belle verte. Autres exemples à suivre, analyses à poursuivre...